Cl. BRIAND-PONSART & Fr. HURLET, L’Empire romain d’Auguste à Domitien. – Paris : Armand Colin (Histoire Cursus), 2010, 2ème éd. – 223 p. –ISBN 978-2-200-24878-9.
Ce petit manuel, qui connaît ici sa seconde édition, couvre les débuts du Principat. Il comprend 7 chapitres principaux, dont les trois premiers brossent de manière diachronique l’époque considérée : sur Auguste et l’instauration d’un nouvel ordre par celui-ci ; sur les Julio-Claudiens ; sur l’année des quatre empereurs et les Flaviens. Les chapitres 4 et 5 s’attachent aux provinces et à leurs relations avec Rome, le chapitre 6 à l’économie et le chapitre 7 à la religion accordant une attention particulière au culte de l’empereur ainsi qu’au christianisme et au judaïsme. La mise en avant des structures liées à l’avènement et à la consolidation du régime impérial sont au cœurs de ces 7 chapitres synthétiques. À ceux-ci répondent, pour ainsi dire, 7 annexes. Les 5 premières consistent en commentaires de documents épigraphiques (serment d’allégeance des Chypriotes à l’avènement de Tibère, AE, 1962, 248 ; éloge funèbre de Plautius Silvanus Aelianus, ILS, 986 ; laudatio dite de Turia, CIL, VI, 1507) et littéraires (extrait de Tacite sur un faux Néron ; discours prêté par Tacite à Petilius Cerialis). La sixième évoque le garum et les salaisons à travers une recette d’Apicius, le plan d’une usine (celle de Cotta, Maroc) et les amphores inscrites. La dernière revient sur la hiérarchisation de la société romaine. Une chronologie, un glossaire, deux cartes, une bibliographie classée par rubriques et un index complètent l’ouvrage et facilitent son utilisation. La bibliographie, en particulier, intègre une soixantaine de titres postérieurs à 2000, et à la 1ère édition du manuel, certaines sections comme l’économie ou l’architecture étant composées majoritairement de titres très récents.
L’une des qualités de cet ouvrage clair et complet, qu’on peut recommander comme introduction sur l’époque, est sans doute qu’il s’efforce d’être problématique, à savoir qu’il n’aligne pas simplement les faits, mais met en évidence leur signification et leur interprétation, jusque dans la recherche la plus récente. Une autre est son rapport aux textes littéraires, qui sont analysés en tenant compte des contextes de rédaction et des intentions des auteurs (un seul regret à ce point de vue concerne la bibliographie qui, pour les sources littéraires, se limite aux éditions de textes, sans faire écho aux principales monographies : le Tacitus de R. Syme ou A. Study of Cassius Dio de F. Millar par ex.). Ces deux traits se retrouvent à propos de Néron et, spécialement, dans l’analyse qui est proposée (p. 166-170) de l’aventure du faux Néron que dépeint Tacite. Cet épisode méconnu est présenté de manière non seulement à faire apparaître la pratique historiographique de l’auteur des Histoires, mais aussi à jeter un éclairage sur la nature dynastique du pouvoir mis en place par Auguste et à rappeler combien il convient de nuancer la vision habituelle du néronisme. Empruntant beaucoup à l’hellénisme, celui-ci jouissait d’une certaine popularité en Orient et il faut dans ce sens dépasser une vision de Néron comme totalement irrationnel et détesté de tous.
Olivier DEVILLERS, Université Michel Montaigne (Bordeaux 3)
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