Neuvième congrès international de la SIEN :
VILLÉGIATURE ET SOCIÉTÉ DANS LE MONDE ROMAIN,
DE TIBÈRE A HADRIEN
VILLA VIGONI
(Centro Italo-Tedesco per l’Eccellenza Europea – Deutsch-Italianisches Zentrum für Europäische Excellenz)
Loveno di Menaggio, Lac de Côme
Mercredi 3 – samedi 6 octobre 2012
Comité scientifique
J. Bergemann (Bochum) – A. Bouet (Toulouse) – O. Devillers (Bordeaux) – G. Galimberti Biffino (Milan) – E. Grzybek (Genève) – M. Nicolls (Reading) – Y. Perrin (Saint-Etienne-Lyon) – L. Takacs (Budapest) – G. Vogt Spira (Marburg, Villa Vigoni)
Comité d’organisation
O. Devillers (Bordeaux), M. de Souza (Saint-Etienne), F. Galtier (Montpellier), Y. Perrin (Saint-Etienne), G. Vogt Spira (Marburg, Villa Vigoni)
Secrétaire général du colloque
O. Devillers (Bordeaux)
Présentation et problématique
Le thème de la villégiature permet de revenir avec profit sur un phénomène original qui caractérise le monde romain antique et préfigure certaines formes du tourisme moderne. Le mot de villégiature est emprunté à l’italien villegiatura qui signifie dans un premier temps « aller, séjourner à la campagne » et finit par désigner, par métonymie, un séjour sédentaire dans un lieu distinct de la résidence principale. La folie de la villegiatura, si bien décrite par Carlo Goldoni, se développe dans les milieux bourgeois italiens au XVIIIe siècle qui, en imitation des comportements aristocratiques, passent une partie de l’année dans des villas rurales, à l’écart de l’agitation urbaine, mais pas des intrigues sociales et amoureuses qu’ils transfèrent avec eux. La villégiature n’est donc pas une notion latine et antique, mais elle permet de qualifier des comportements qui se développent dans le monde romain dès la fin de la République et qui s’épanouissent dans la société impériale. Les travaux des archéologues sur les villas extra-urbaines, suburbaines, rurales, littorales ou maritimes, les sources littéraires, soulignent cet engouement pour le séjour hors de la Ville et les nombreux moments et infrastructures qui lui sont dédiés.
Certains aspects de ce thème de la villégiature dans le monde romain ont déjà été abordés, il y a parfois plusieurs décennies, par l’historiographie moderne, et il semble pertinent de reprendre cette question d’un point de vue plus global afin de faire le point sur nos connaissances et de poser en des termes nouveaux l’étude de ces pratiques et leur rôle social.
Les limites chronologiques, de Tibère à Hadrien, soulignent la dimension politique de ce sujet, avec deux empereurs qui ont gouverné Rome, la Ville et l’Empire, en grande partie depuis des lieux de villégiature, de Capri à Tivoli. La villégiature n’est pas un simple moment de vacances, mais s’intègre dans le fonctionnement politique et social du monde romain. Les intrigues peuvent se poursuivre et se développer dans ce cadre, il suffit de penser au meurtre d’Agrippine commandité par Néron.
Trois grands axes doivent structurer l’organisation des communications :
- la représentation de la villégiature :
Le terme de villégiature n’apparaît qu’à l’époque moderne et on peut s’interroger sur le lexique utilisé par les Romains (en latin ou en grec) pour désigner cette pratique. Y a-t-il véritablement l’expression d’une rupture avec la vie quotidienne ou au contraire l’idée d’une continuité de celle-ci mais dans un autre cadre ? La villégiature est une pratique concrète, mais elle est également un sujet de réflexion. La critique des moralistes sur ses débordements étant assez bien connue, on pourra élargir ce thème à d’autres approches plus positives et mesurer la perception romaine de ce phénomène. La villégiature est le support de représentations, intellectuelles et artistiques, qui permettent d’étudier sa description, son idéalisation, son iconographie, ainsi que les cadres dans lesquels se développent ces représentations, par exemple in situ ou depuis les résidences principales.
– l’économie de la villégiature :
L’étude des moments de villégiature pose la question du caractère saisonnier, ou non, de cette pratique et de son insertion dans le calendrier des Romains, ainsi que celle des déplacements, des voyages, pour gagner les lieux de villégiature. L’analyse des lieux de villégiature permet de dessiner une géographie du séjour secondaire dans l’Empire. La campagne ou le littoral italiens étant assez bien connus, on peut élargir la problématique aux provinces de l’Empire. L’étude des infrastructures et des équipements souligne son contenu entre pratique de l’otium et poursuite de l’officium, voire développement d’un negotium. Le cas des villas aristocratiques a été bien étudié, et il serait intéressant de poser la question d’équipements plus collectifs, celle d’une villégiature « plébéienne ». Ainsi nous pourrons nous interroger sur l’existence d’une économie de la villégiature, au-delà de la gestion des domaines dans lesquels sont souvent intégrées les villas aristocratiques.
- la vie en villégiature :
Les acteurs de la villégiature posent le problème des publics concernés : là encore les aristocrates sont les mieux connus et on peut se demander, en rapport avec le thème précédent, si la pratique gagne d’autres groupes de la population. De même, il est possible de se poser la question de ceux qui travaillent en relation avec la villégiature : personnel domestique apporté de la ville ou déjà présent dans le lieu de résidence secondaire ; travailleurs à plein temps ou saisonniers en relation avec la multiplicité des pratiques de villégiature (commerçants, hôteliers, personnel des établissements de cures, métiers de services, etc.).
La sociabilité de la villégiature est également un sujet riche de perspectives : les bénéficiaires, propriétaires ou usagers de résidences ou de séjours secondaires se retrouvent-ils en ces lieux par affinité familiale, sociale (par appartenance à un même groupe ou par relation de clientèle), culturelle ou politique. On peut également se demander si la pratique de la villégiature est un moyen d’affirmer un statut ou d’y prétendre, et de quelle manière ?
Une partie des communications devra naturellement aborder le rôle de la villégiature dans la vie intellectuelle et culturelle – notamment dans la production et les échanges littéraires et philosophiques – la création artistique et les croyances et pratiques religieuses.
On peut enfin s’interroger sur le rôle politique de la villégiature, avec la poursuite des intrigues du pouvoir ou la pratique du gouvernement à distance.
Conformément à sa vocation et dans la lignée des colloques internationaux qu’elle a déjà tenus, la SIEN organise le congrès Neronia IX avec l’ambition de favoriser la confrontation internationale et de dépasser les cloisonnements académiques pour nourrir le dialogue entre historiens, littéraires, archéologues, épigraphistes, historiens de l’art et juristes.
Appel à contributions
Si vous souhaitez présenter une contribution lors du congrès, consultez et renseignez l’appel à communication.
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