Marta Sordi est décédée le 5 avril 2009. Elle était professeur émérite d’Histoire grecque et d’Histoire romaine à l’Université Catholique du Sacré Cœur de Milan, elle était professeur depuis l’année académique 1970/71. Elle avait été l’élève d’Alfredo Passerini et avait ensuite obtenu une bourse à Rome à l’Institut Italien d’Histoire ancienne entre 1955 et 1961, sous la direction de Silvio Accame ; elle avait enseigné à Messine et à Bologne, puis à l’Université Catholique de Milan.
Elle était membre de l’Institut Lombard de Science et Lettres, de l’Académie Pontificale d’Archéologie et de l’Institut d’Etudes Etrusques ; elle avait , en outre, reçu nombre de distinctions honorifiques, dont La médaille de la Ville de Paris en 1977.
Sa bibliographie qui comprend des monographies ( de la Lega tessala de 1958 à S.Ambrogio e la tradizione di Roma en 2008), des articles (en partie recueillis dans deux vastes publications Scritti di Storia Greca e Scritti di Storia Romana, de 2002), des critiques, des activités publicitaires et de vulgarisation, est immense et embrasse l’histoire grecque, l’histoire romaine et l’histoire des relations politiques entre le christianisme et l’empire.
Nous pourrions rappeler quatre aspects de son enseignement généreux, original et rigoureux.
Premièrement, la rigueur méthodologique dans l’étude des sources ; la conviction que l’histoire est une science, en ce qu’elle applique un procédé de travail établi et partagé et permet d’arriver à des reconstructions dont le degré de crédibilité est mesurable sur la base de la méthode appliquée dans le travail.
De plus, la conviction que la spécificité du monde grec, c’est l’expérience de la polis, qui nous a légué la démocratie, dans son élaboration théorique et dans sa concrète praxis institutionnelle aussi.
Et encore, la vision du monde romain en tant que civilisation en mesure d’accueillir les traits les meilleurs des peuples avec lesquels elle entrait en contact (ou en conflit) : contrairement à la polis grecque, qui a comme idéal la pureté ethnique de ses concitoyens, Rome diffuse sa civitas au-delà des frontières de l’Urbs, en assimilant et en intégrant tout ce qui est valable et en façonnant sa propre identité par cette rencontre.
Enfin, la conviction que les relations politiques entre le Christianisme et Rome peuvent être étudiées de façon scientifique et peuvent utiliser comme sources des textes néotestamentaires : ces derniers sont des sources sans aucun doute intéressées et tendancieuses, mais ils peuvent être lus par l’historien selon une certaine optique, pour en tirer des informations exactement comme le chercheur qui utilise les poèmes épiques ou l’ancienne comédie grecque. Et la lecture que Marta Sordi fait de la documentation, avec son habituelle exactitude méthodologique, cette recherche des sources chrétiennes ou pas, qui a été préservée par la littérature et l’épigraphie, constitue un ensemble qui est d’un intérêt et d’une cohérence extraordinaires et qui couronne son activité de savante en quête de la vérité.
Giovanna Galimberti-Biffino